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Benoît XVI veut rebooster les cathos pris dans la routine

Abbé Pierre-Hervé Grosjean
17 octobre 2011

On se souviendra longtemps de la « claque » que se sont pris les Allemands, lors du dernier voyage de Benoît XVI dans sa patrie natale. A cette église puissante mais vieillissante, traversée par des courants dissidents, le pape a rappelé sévèrement : « le préjudice pour l’Église ne vient pas de ses adversaires mais des chrétiens attiédis ».

Et le Saint-Père d’appeler non pas à un simple coup de peinture, pour faire du neuf, mais à une véritable conversion spirituelle, seul moyen pour stopper le déclin d’une Église trop installée dans le monde.

Ce n’est pas seulement l’Allemagne qui cause des soucis à Benoît XVI, mais bien tous ces pays chrétiens depuis longtemps, certains depuis de nombreux siècles, qui voient aujourd’hui profondément remis en cause cet héritage et cette culture issus de l’Évangile.

S’y développe même une certaine hostilité au christianisme. Dans ces pays, l’Église semble parfois épuisée, uniquement occupée à « gérer la crise »… le clergé âgé ne se renouvelle pas, les fidèles vieillissent eux aussi, les jeunes générations s’éloignent, l’élan missionnaire s’essouffle.

Et si dans certains pays comme en France, les signes d’espérance existent, ils ne font pas oublier la situation dramatique de nombreux diocèses, en particulier au niveau des vocations.

Dans ces pays de tradition chrétienne, le Pape a mis en place les moyens de réagir à cet affaiblissement de la foi et de la ferveur.

Il a d’abord créé une nouvelle congrégation romaine, un nouveau « ministère » uniquement dédié à cette cause : « le conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation ».

Ce ministère vient d’organiser une rencontre à Rome de plus de 8 000 responsables de mouvements afin de réfléchir à un nouvel élan missionnaire. Dans un an, ce sont les évêques que le Pape réunira autour de lui pour travailler à ce sujet. Et surtout, on a appris la décision de Benoît XVI de lancer une « Année de la Foi » qui commencera le 11 octobre 2012 – 50 ans après l’ouverture du Concile Vatican II –  pour s’achever un an plus tard.

Le Pape explique les enjeux de cette « Année de la Foi » dans une lettre qu’il vient de publier et qu’on peut lire ici.

Est–ce une nouvelle stratégie du Saint-Siège ? Des nouvelles techniques de communication ? De nouvelles structures ? Non. Même si ces moyens ont leur place, Benoît XVI veut surtout raviver la ferveur et la foi des chrétiens.

Pour ré-enthousiasmer leurs concitoyens, pour évangéliser à nouveau les ex-cathos, il faut des « saints ardents » comme le disait le Pape aux jeunes allemands. Il faut des priants : «le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui parlent à Dieu pour pouvoir parler de Dieu » et des cathos qui ne le soient pas à moitié. Il s’agit de les rendre plus missionnaires en les rendant plus croyants eux-mêmes. « Nous souhaitons que le témoignage de vie des croyants grandisse en crédibilité. Redécouvrir les contenus de la foi professée, célébrée, vécue et priée, et réfléchir sur l’acte lui-même par lequel on croit, est un engagement que chaque croyant doit faire sien, surtout en cette année ».

Voilà au fond l’objectif de cette « Année de la Foi » pour nous catholiques : après des années d’enfouissement, « redécouvrir la joie de croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi ».

C’est une vraie réforme spirituelle, un travail de conversion profond et collectif auquel nous convie le Pape en 2012 : « l’Année de la foi est une invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde ». Il n’en fallait pas moins pour nous réveiller !

Abbé Pierre-Hervé Grosjean

Abbé Pierre-Hervé Grosjean

Diocèse de Versailles, ordonné prêtre en 2004. Curé de Montigny-Voisins. Responsable des questions politiques, de bioéthique et d'éthique économique pour le diocèse de Versailles. Auteur de "Aimer en vérité" (Artège, 2014), "Catholiques, engageons-nous !" (Artège 2016), "Donner sa vie" (Artège 2018), "Etre prêt" (Artège, 2021).

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