Le Pape et la capote : quelle révolution ?
Ce matin, nos amis journalistes semblaient tellement heureux en présentant les infos sur toutes les antennes nationales. Pensez donc ! LA révolution venait d’avoir lieu. THE événement qui allait marquer l’histoire de l’Eglise et du monde et des cœurs… et du sexe : le Pape, Benoît XVI (si, si, lui-même !) venait « d’autoriser le préservatif », et devenait, du coup, un type vachement plus sympathique.
Pour éviter de tomber dans cet enthousiasme soudain, aussi artificiel que décalé, un petit décryptage est nécessaire.
Qu’a dit vraiment le Pape ?
Dans un livre d’entretiens (« Lumière du monde », publié mardi 23 novembre 2010) Benoît XVI répond à une question d’un journaliste sur la polémique qui avait explosé lors de son voyage en Afrique. Le Pape avait déclaré que la distribution massive de préservatifs n’était pas LA solution pour lutter contre le sida, et même pouvait aggraver le problème, en favorisant le vagabondage sexuel, ou en évitant de réfléchir à la nécessité d’éduquer à l’amour et à la fidélité.
Le Pape ne regrette rien de ses propos. Et même, il les confirme.
Le préservatif « n’est pas la façon à proprement parler de venir à bout du mal de l’infection du VIH». «Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c’est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu’ils s’administrent eux-mêmes ».
Le Pape précise cependant sa pensée dans ce livre, afin d’être mieux compris. Il explique ce que le bon sens disait déjà.
Quand une personne a de multiples relations sexuelles, ce qui est une situation moralement grave, il s’agit de ne pas ajouter à un mal (ce vagabondage sexuel) un autre mal (la contamination des partenaires) . L’utilisation du préservatif est dans ce sens évidemment utile, et même souhaitable, pour éviter au maximum la transmission du sida. C’est une question de responsabilité écrit le pape : «dans certains cas, quand l’intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement».
Pour illustrer son propos, le pape donne même un exemple, celui d’un «homme prostitué», considérant que «cela peut être un premier pas vers une moralisation, un début de responsabilité permettant de prendre à nouveau conscience que tout n’est pas permis et que l’on ne peut pas faire tout ce que l’on veut».
Où est la révolution ?
Nulle part. Ce qui est nouveau, c’est que face à un monde qui a du mal à écouter réellement ce que dit et propose l’Eglise, le Pape est obligé de préciser lui-même ce que n’importe quel prêtre de bon sens disait déjà.
Pour faire simple et direct, en trois temps :
1- L’Eglise te propose un chemin de bonheur, exigeant mais qui rend libre, dans le domaine de la sexualité. Ce chemin repose sur deux piliers : l’abstinence pour les célibataires, la fidélité pour les époux. Tout cela vécu dans la chasteté, c’est à dire le respect de la personne, du corps et du cœur de l’autre, de la vérité des gestes et des paroles.
2- Si t’en as rien à faire, si tu couches avec n’importe qui, si tu as une sexualité complètement débridée, si tu es esclave de tes passions, eh bien… au moins, protège toi et protège tes partenaires. En plus de bousiller ta capacité à aimer, je t’en supplie, ne bousille pas la vie de l’autre.
3- Mais que cela puisse peut être te rendre responsable sur le fond : que tu puisses reprendre conscience peu à peu qu’il faudrait mieux apprendre à aimer, et retrouver une sexualité qui te rende vraiment heureux, qui soit digne de toi.
Le vrai message n’est donc pas « l’autorisation du préservatif », le message de l’Eglise sur l’amour et le sexe ne se réduit pas à la capote !
Le vrai message de l’Eglise ne change pas !
Le Pape ne dit pas : « Allez , les jeunes, éclatez vous, amusez vous, mais au moins sortez couverts ! ». Et il ne le dira jamais, car l’Eglise nous aime trop pour nous mentir. Il ne peut pas nous laisser croire que le préservatif est LA solution, durable et efficace. LA solution, et il n’y en a pas d’autres, c’est l’éducation du cœur, de la volonté, de la liberté, à l’Amour vrai, au respect de soi et de l’autre. Éducation à la fidélité, à une chasteté joyeuse, décomplexée, libérante.
Remarquez d’ailleurs que l’exemple pris par le pape pour évoquer l’utilité du préservatif est celui d’un « homme prostitué »… ça limite un peu les choses… En aucun cas, en effet, on ne peut se contenter pour tous d’une simple « prévention » à coup de distribution de capotes. L’Eglise a tellement plus à offrir au monde !!!
S’il fallait une image, je prendrais celle ci : à un gars qui risque de se noyer, je ne refuse pas d’envoyer une bouée en urgence (même si elle est parfois percée…). Mais plutôt que de recommencer à chaque fois, l’Eglise lui dit : il te faudrait mieux apprendre à nager si tu veux sauver ta vie et être heureux.
Le salut ne se trouve pas dans des préservatifs, dont les fabricants eux-mêmes reconnaissent qu’ils ne sont pas fiables à 100%. Le Bonheur se trouve dans une sexualité vécue en vérité. Voilà le but à atteindre, étape après étape ; Et l’Eglise, si exigeante, sait aussi se faire miséricordieuse.
Le vrai message de ce bouquin, c’est que seule une humanisation de la sexualité peut rendre heureux l’homme, et constitue une réponse efficace au drame du sida.
Le vrai problème, ce sont ces relations sexuelles multiples, si éloignées de ce don total et unique auquel nous sommes appelés., et qui non seulement favorisent l’épidémie, mais blessent le cœur de l’homme. Et l’Eglise sait tellement que nous sommes tous capables de bien mieux. Comme une Mère, elle veut nous en convaincre, et nous aider à le vivre.
La révolution, elle, dure depuis 2000 ans : c’est celle de l’Amour vrai, avec sa dimension charnelle, contre toutes les caricatures de l’amour et de la sexualité. Aujourd’hui dans un monde si gavé de sexe, l’anti-conformiste ou le révolutionnaire, c’est celui qui ose croire que l’homme est capable de cet amour vrai, qui s’y prépare, qui essaye de le vivre de son mieux.