Son martyre nous engage
Ce mardi 26 juillet au matin, le père Jacques Hamel, 86 ans (et 58 années de sacerdoce !) a commencé à célébrer la messe. Quelques paroissiens y participaient. Pour les catholiques, la messe est le renouvellement du sacrifice de Jésus sur la croix. A la messe, nous sommes au calvaire. Et le prêtre tient la place du Christ, il redit les paroles du Christ. « Ceci est mon corps, livré pour vous… »
Ce matin-là, le père Jacques Hamel a offert sa dernière messe. Et ce fut le calvaire… Des barbares – « soldats de Daech » – sont entrés, ont pris en otage l’assemblée et ont égorgé le prêtre.
L’horreur que vivent nos frères chrétiens d’Irak ou de Syrie est survenue, ici, chez nous, dans une petite ville de Normandie, à une heure trente de Paris.
Quelles réponses ? Quelles réactions ?
« Je crie vers Dieu » écrivait Mgr Dominique Lebrun, l’évêque du père Hamel, dans son communiqué poignant. Oui, il faut dire au monde notre émotion, notre douleur immense. Ce crime est atroce, barbare, et nous touche doublement, comme Français et comme chrétiens. Ce sont les ennemis de la France qui ont fait ça mais ils sont aussi les ennemis de l’Eglise. Ils ont tué ce prêtre parce qu’il était prêtre. Ils sont venus commettre leur crime au cœur d’une messe. Ils savaient ce qu’ils visaient en faisant cela. A l’émotion se mêle légitimement la colère… Encore ! La litanie des innocents assassinés par ces fanatiques s’allonge encore. Toute la France, dans sa diversité et son identité, est visée, attaquée, meurtrie.
A nos gouvernants de prendre les mesures nécessaires, sans faiblir ni hésiter, pour gagner cette guerre contre le terrorisme islamique. Nous, prêtres, ne sommes pas des « experts » en sécurité. Que chacun reste dans son rôle. Mais avec tous les Français, nous réclamons de nos politiques de se montrer à la hauteur des heures tragiques que vit notre pays. Pas d’angélisme, pas de naïveté, pas de déni. Une guerre ne se mène pas à moitié.
Quant à nous, il va nous falloir être fidèles à cette foi et cette identité que ces barbares ont visées. Comme le dit Mgr Lebrun, la plus belle réponse à ces barbares est la foi chrétienne assumée et fervente de ces jeunes autour du Pape aux JMJ. « Daech peut tout nous prendre, ils ne prendront pas notre foi » nous disaient des réfugiés chrétiens à Erbil, en Irak. Ils n’auront pas notre Espérance !
Cette Espérance qui nous fait d’abord prier. Pour les victimes de ces attentats, pour leurs familles, pour ceux et celles qui nous protègent, ici ou en mission, au loin. Celle qui nous pousse à prier aussi pour la conversion de nos ennemis et pour mener cette guerre avec fermeté mais sans la haine qui ronge les cœurs.
Cette Espérance qui nous fait aussi agir. Car la prière ne nous épargne pas d’agir, chacun selon notre vocation, en renouvelant notre exigence à donner le meilleur de nous-mêmes dans nos études, nos engagements, notre métier, notre devoir d’état. La France a besoin de chacun.
Ce que nous sommes
Cette espérance qui nous fait croire enfin à la force de ce que nous sommes. Ces terroristes visent ce que nous sommes, nous gagnerons en étant d’autant plus fidèles à notre foi, notre culture, notre histoire, nos valeurs, notre identité. C’est autour de cela que la France pourra se rassembler. C’est tout cela qu’il faut recommencer à transmettre, sans complexe et sans paresse. La force d’un peuple, ce n’est pas seulement son armée. La force d’un peuple, c’est son âme.
Alors le père Hamel ne sera pas mort pour rien. Alors sa vie offerte portera du fruit dans nos vies. Au cœur des larmes, une certitude pour chacun de nous : son martyre nous engage à être des témoins !