Prêtres : en voulons-nous vraiment ?
L’année sacerdotale qui s’achève nous a donné l’occasion de prier plus spécialement pour les prêtres. Devant la grande pauvreté de nos diocèses, nous avons prié, nous avons demandé des vocations… Mais en voulons-nous vraiment ? Question provocatrice, certes. Mais que je me pose parfois.
D’abord à nous mêmes, prêtres. À moi. Si peu de jeunes s’engagent dans cette voie là, n’est ce pas peut-être parce que je n’ai pas su leur montrer assez la joie et le bonheur qu’ils y trouveraient ? N’est-ce pas un prêtre qui par son exemple, sa joie d’être prêtre, son rayonnement pastoral, m’a donné envie de me poser la question, puis de répondre avec confiance à l’appel que je pressentais ?
Il ne s’agit pas de culpabiliser, certes. Mais au moins pour moi, de reprendre conscience que la façon dont je vis mon ministère peut être appelante, ou au contraire parfois un contre témoignage. Je prie souvent pour qu’au delà de mes défauts, de mes maladresses, et de mes fautes, le Seigneur puisse se servir de mon sacerdoce pour toucher le cœurs des jeunes qu’Il veut appeler à sa suite.
Ensuite à nous tous, Église de France. Nous avons l’habitude de parler de la « crise » des vocations. Ne finissons pas finalement par nous y résigner ? Bien sûr que nous avons à nous adapter à la situation. Mais attention : rien ne doit nous habituer à l’absence de prêtre. Restons en attente de prêtres ! « Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au coeur de l’Église ! » écrivait Benoît XVI.
Un exemple que je reprends d’un livre de Pietro de Paoli (vous voyez, j’ai des lectures très ouvertes !) : l’auteur évoque ce prêtre, empêché de célébrer la messe et les obsèques de sa grand mère dans un diocèse proche du sien, car pour ne pas faire de différence, a été désormais décrété dans ce diocèse que toutes les obsèques seraient célébrées par des laïcs. J’ai moi même eu écho de ce genre de cas. Qu’on s’organise avec réalisme face à la situation, d’accord. Mais qu’on en vienne à ne plus se réjouir, quand un prêtre peut être là, ça non. Qu’on puisse préférer s’en passer, c’est le signe le plus triste qu’on n’en désire plus au fond. Ou qu’on a oublié le don qu’est le sacerdoce pour l’Église.
Enfin, question que je pose aussi à nos familles : souvent exigeantes, et avec raison, vis-à-vis des prêtres qui leur sont envoyés, sont-elles toutes prêtes à voir un de leurs propres enfants tout quitter pour entrer au séminaire ? De quelle façon parle-t-on du prêtre à nos tables ? Que veut dire le « quel gâchis ! » qu’on entend parfois, dans nos familles les plus chrétiennes en apparence, lorsqu’on apprend que ce jeune étudiant brillant, promis à une carrière et un mariage magnifiques, a finalement décidé de devenir prêtre ou moine ? La pression mise sur les études, sur la réussite sociale, laisse-t-elle nos jeunes libres et disponibles pour entendre l’appel du Seigneur ? Au fond, quel est vraiment le premier souci des parents ? Que leur enfant accomplisse sa vocation, quelle qu’elle soit ? Ou qu’il réponde au projet qu’ils se font pour lui ?
La famille est le premier lieu où pourra mûrir un appel, ou au contraire, être étouffé. Quelle joie de voir des parents se faire serviteurs de la vocation de leur enfant ! J’en profite pour rendre grâce une nouvelle fois pour les miens…