Pourquoi Dieu s’est-il fait enfant ?
Il n’y a qu’une seule réponse à cette question et elle tient en deux mots très simples : par amour. C’est par amour, au nom de l’amour, que Dieu s’est fait enfant, s’est fait bébé même ! Petite théologie « pour les nuls » en ce temps de Noël…
Dieu s’est fait enfant parce que se faire homme, c’est aussi passer par là.
Beaucoup d’incroyants disent que cette histoire d’Incarnation n’est pas sérieuse. Qu’elle est même insultante et humiliante pour Dieu. Un Dieu tout-puissant, se faire homme ? Naître d’une femme, grandir en se nourrissant de lait et d’aliments humains, supporter la faim, la soif, la fatigue ? Terminer sa vie par la souffrance, les fouets, la croix et la mort ? Avec Molière dans Les Fourberies de Scapin, on a envie de dire : « mais qu’allait-il faire dans cette galère ? ».
Dieu s’abaisse
Tout est en fait très (trop ?) simple : Dieu n’a pas triché. Il voulait être proche de l’homme, être son ami, son frère et son sauveur. Quand on est amis, on accepte une certaine relation d’égalité, on accepte de se regarder au même niveau. C’est ce que Dieu a fait. Et comme l’homme ne peut se hisser au rang de Dieu – c’est le drame du péché originel – Dieu dit : « attends, … c’est moi qui vais descendre ! ».
Il se fait homme pour de vrai. En acceptant de masquer sa divinité pour devenir homme,« il s’est anéanti lui-même » dit saint Paul.
Les catholiques croient qu’il y a un abaissement plus grand encore. Il a lieu à la messe, dans l’Eucharistie, quand Dieu se fait nourriture sous l’apparence du pain et du vin.
Dieu s’est fait enfant : c’est une nouvelle incroyable ! En 1969, l’homme a marché sur la lune. Nous chrétiens, croyons qu’il y a deux mille ans, Dieu a marché sur la terre. C’est une nouvelle énorme, un évènement qui donne à la fois toute sa dignité à l’homme et toute sa dignité à cette terre. Dieu aurait pu choisir de venir en ange ou en rayon de lumière. Non, c’est en homme qu’il vient, pour nous racheter et nous sauver.
En ces temps de crise économique, et sans forcer les métaphores, on pourrait dire que le Dieu qui se fait homme opère une vaste opération de rénovation : le marché était au plus bas, la conjoncture négative, les perspectives de croissance nulles. L’Incarnation est une rénovation complète, une re-création de l’homme : frère du Christ, il devient enfant de Dieu, appelé à partager la vie divine.
Choisir la fragilité
Dieu s’est fait enfant, cela veut enfin dire qu’il s’est fait fragile et pauvre. Dieu s’est fait vulnérable et dépendant. Il a voulu rejoindre les petits et les faibles, lui le tout-autre se faire tout-proche ! Il a résolument choisi la fragilité.
La fragilité ? C’est ce lieu particulier où l’homme peut donner le meilleur de lui-même en déployant des trésors de dévouement, de solidarité et de tendresse ! Depuis la nuit de Noël, Dieu aime se cacher dans le plus pauvre et le plus humble. Et le pauvre d’aujourd’hui c’est sans nul doute la personne isolée, l’enfant à naître, l’exilé, le chrétien persécuté… ou même la famille parfois blessée, parfois divisée, toujours désirée : l’écologie humaine en somme.
Les chrétiens ne se résignent pas au fait qu’on néglige ou chasse de nos regards certaines de ces fragilités. Car on supprimera du coup les lieux où Dieu se manifeste ! En ce temps de Noël nous est donnée l’occasion de redécouvrir que le christianisme est la religion de la rencontre : celle de Dieu et de l’homme.
Notre Foi n’est pas une doctrine ou une idéologie parmi tant d’autres. C’est avant tout l’expérience d’une rencontre personnelle avec un Dieu d’amour. Le Christianisme n’est pas quelque chose mais quelqu’un. Joyeux Noël !