Microphone

Les rois mages, le retour

Abbé Antoine Roland-Gosselin
04 janvier 2016

Nous commençons cette année 2016 avec la belle solennité de l’Epiphanie, qui nous offre l’occasion d’arrêter notre regard sur les rois mages, personnages énigmatiques illustrant nos crèches. L’Epiphanie, ça n’est pas que la galette !

Le trio royal est signe que la nouvelle alliance est proposée à toutes les nations. Les mages sont aussi signe de la présence de Dieu dans nos lieux quotidiens, et jusque dans notre travail. En effet, c’est au cœur même de leur travail qu’ils observent un signe étonnant et étrange qu’ils ne pouvaient expliquer. Parce qu’ils étaient des chercheurs de vérité et qu’ils avaient confiance en leur savoir, ils ont pu se mettre en route pour aller à la rencontre de l’Enfant-Dieu. Ils sont à ce titre un beau signe d’espérance pour nos contemporains : la foi et la science ne s’opposent pas et peuvent même se répondre l’une l’autre.

Un certain désir de transcendance

A travers eux, Dieu parle au cœur de chaque homme qui se fait chercheur de vérité, de bonté et de beauté. Trois notions que la philosophie a pour habitude de nommer les « transcendantaux » (l’Un, le Vrai, le Bien et le Beau) et qui sont nos étoiles quotidiennes, des indices visibles que le Seigneur laisse dans notre monde et dans notre vie comme autant de pistes que nous pouvons suivre pour le rencontrer.

Tout cela n’est pas banni de notre monde même si  l’art contemporain semble s’être éloigné du Beau et que la prétention à la Vérité est plutôt considérée comme un signe de fanatisme aigu plutôt que comme une manifestation de la raison ! Après les tragiques attentats du 13 novembre 2015, nos contemporains ont montré qu’ils portaient en eux un certain désir de transcendance, peut-être même un certain désir de Dieu ou au moins un quelque chose qui montre qu’on ne peut se contenter de l’individualisme dans lequel nous vivons.

Il suffit de penser par exemple aux spectateurs du Stade de France qui ont été évacués en chantant la Marseillaise, montrant ainsi leur unité face aux agresseurs. Comme si ces hommes réunis autour du ballon rond avaient éprouvé le sentiment, voire la certitude, que leurs vies réunies formaient un ensemble plus large que la simple addition de leurs individualités. Phénomène étrange, et peut-être bien maigre, mais que nous ne pouvons pas manquer de relever.

Que dire encore de ces Parisiens capables d’ouvrir leur porte à tous ceux qui étaient dans le besoin ce même soir du drame! Certains sont même allés jusqu’à diffuser leur adresse et leur code d’accès sur Twitter, semblant oublier toutes les règles les plus élémentaires de sécurité. Ne serait-ce pas le signe que la Fraternité est peut-être un peu plus qu’un simple mot inscrit en lettres d’or sur le fronton de nos mairies ?

Devenir des éveilleurs

De nouveaux rois mages peuvent encore se lever et eux aussi venir reconnaître l’Enfant-Dieu dans sa crèche. Ce pourrait être pour nous un point d’attention dans cette année 2016 qui commence !

Il nous revient le rôle magnifique d’être des éveilleurs, c’est-à-dire de savoir repérer quel est le désir bon qui habite le cœur des personnes que nous rencontrons pour les aider (et nous aider !) à le purifier et à les orienter vers le seul Bien.

Par les actes beaux, bons et vrais que nous posons, par nos paroles, nous pouvons aussi créer ces mouvements étranges que nos contemporains peuvent percevoir sur leur lieu de travail.

Dieu agit dans notre monde, devenons ces témoins en cette année 2016 ! Que de nombreux hommes puissent découvrir que leur vie est un don et que l’étoile de la crèche passe devant eux tous les jours !

Abbé Antoine Roland-Gosselin

Abbé Antoine Roland-Gosselin

Prêtre du diocèse de Versailles, ordonné prêtre en 2013. Curé de Saint-Cyr l'école (Yvelines). Licencié en théologie.

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