Et si on reparlait du Purgatoire ?
L’Église nous encourage pendant le mois de novembre à prier pour nos défunts. Cette prière est très ancienne, on la trouve déjà dans l’Ancien Testament : « voilà pourquoi il [Judas Maccabée] fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché » (2 M 12, 46).
L’Écriture nous révèle ainsi l’existence de cet état que l’Eglise a appelé le Purgatoire. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique le définit de cette façon : « ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel » ( CEC, n°1030 ).
Retirons-en trois vérités, parfois un peu oubliées, à méditer …
1. Pour voir Dieu, pour entrer dans la sainteté de Dieu, il faut être saint, en ayant laissé le Seigneur faire son œuvre en nous, en ayant accepté d’y coopérer fidèlement !
Voilà pourquoi la sainteté est bien notre vocation : nous sommes faits pour le Ciel ! Notre vie est un pèlerinage vers le Ciel. Cette vérité éclaire du coup le sens de nos journées et aussi leur prix : chaque jour qui nous est donné de vivre est un don de Dieu, pour nous préparer à « la Rencontre », au « face à face » avec Lui. On ne peut plus perdre son temps quand on le comprend dans cette perspective là.
La prière du « je vous salue Marie » met bien en lumière ces deux moments importants pour le chrétien : « priez pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort ». Cette dernière heure est reliée à l’instant présent : ma façon de me « convertir », de choisir la volonté de Dieu, d’être fidèle maintenant, dans l’instant qu’il m’est donné de vivre, aujourd’hui, prépare mystérieusement mais réellement l’heure de ma mort, ce grand rendez-vous avec le Seigneur.
Il ne s’agit pas de se faire peur ni de s’inquiéter sur le jour de cette rencontre. On ne le sait pas, et on n’en a pas réellement la maîtrise. Il s’agit plutôt de nous soucier d’aujourd’hui : « faire ce que je dois, être à ce que je fais » proposait Saint Josemaria. Me donner dans ce que Dieu attend de moi pour l’heure qui vient. Savoir qu’ainsi je me tiens prêt. Voilà le secret de la paix intérieure.
2. Avec le Purgatoire, le Seigneur donne une nouvelle preuve de sa bonté et de sa miséricorde : alors que nous ne sommes pas complètement prêts pour entrer dans cette joie du Ciel, lui même vient achever de nous rendre prêts. Il vient comme suppléer à nos manques d’amour passés et prends le temps de nous préparer. Au purgatoire, nous connaîtrons à la fois une vraie joie : nous sommes assurés de notre salut, de notre entrée prochaine dans le Royaume. Mais nous souffrirons aussi en découvrant que nous pourrions y être déjà, si nous avions davantage aimé, prié, réparé … Cette purification sera « décapante », car il faudra au Seigneur enlever jusqu’aux moindres traces du péché en nous : « Il nous a nous a créés pour être saints et sans péché devant sa face, grâce à son amour.» (Ep 1, 4)
3. Le Seigneur permet enfin que nous, vivants sur terre, puissions participer à cette purification de nos défunts, par nos prières et notre charité. Quelle consolation de savoir que nous pouvons encore faire quelque chose pour eux ! Ils nous ont souvent portés sur cette terre, transmis, accompagnés, encouragés … Maintenant, les rôles s’inversent. C’est nous qui les portons devant Dieu, qui les présentons et qui intercédons pour eux. Les liens de charité construits sur la terre ne sont ainsi pas détruits mais transformés à travers la mort. Cette « solidarité » entre les vivants et les morts, entrés dans la Vie, est là encore un don immense du Seigneur : « la Charité ne passera pas » ( 1 Co 13,8 ).
Nous pouvons continuer à aimer nos défunts en priant pour eux, et eux continuent de nous aimer en priant pour nous.
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