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« Être prêt » – Interview de l’abbé Grosjean

Padreblog
27 avril 2021

Le dernier ouvrage de l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, paru en mars 2021, est un livre qui tient compagnie. Il n’est pas de ces thrillers qu’on dévore, ou de ces essais qu’on lit en diagonale. C’est un livre dense, un livre d’une grande profondeur. Un livre qui conduit son lecteur au coeur du lieu où se joue la vie spirituelle, et qui l’aide à y demeurer. Un livre qu’on lit petit à petit, qu’on laisse et qu’on reprend. Un livre qui marque et qui accompagne. En somme, c’est un livre de chevet.

Quelques semaines après sa parution, nous avons voulu approfondir Être prêt avec son auteur. Voici les réponses que l’abbé Grosjean livre aux lecteurs de Padreblog.

Padreblog : Il y a quelques semaines sortait votre dernier ouvrage, « Être prêt ». Pouvez-vous nous partager l’accueil qu’il a reçu

Abbé Grosjean : On me dit que les lecteurs sont nombreux, je m’en réjouis ! Je suis surtout heureux et touché des retours que je reçois. Beaucoup me disent que ce livre les rejoint, les éclaire concrètement et les encourage dans leur vie spirituelle. Aussi bien des personnes âgées que des lycéens, des étudiants que des parents… Deo gratias ! Souvent on se fait une mauvaise image des « livres spirituels » et beaucoup n’en lisent jamais ou que très rarement. On a peur que ce soit trop théorique ou trop abstrait. Un livre spirituel peut être concret pourtant ! C’est même important : nous sommes la religion de l’incarnation, la foi chrétienne n’est pas une fuite du réel mais vient éclairer ce réel et donner un sens à notre vie concrète. Bref, je suis heureux si des jeunes et des moins jeunes peuvent se trouver encouragés, consolés, affermis par cette lecture, parmi tant d’autres qui peuvent nourrir notre âme.

Vous avez une manière très incarnée de raconter la parole de Dieu. D’où cela vous vient-il ? Comment priez-vous au quotidien  

Je ne suis pas un grand mystique ! Ma prière est souvent pauvre. Comme pour beaucoup, elle demeure un combat. Mais je reste marqué par cette phrase du Christ, phrase que je médite dans le livre d’ailleurs, prononcée au soir du Jeudi Saint : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis » (Jn 15, 15). L’amitié, pour le coup, c’est concret. On en a tous l’expérience, on sait ce que peut être une belle et grande amitié. Comprendre que c’est cela que veut vivre Jésus avec nous peut nous rendre plus simple notre vie spirituelle.

J’essaye de vivre ma foi, ma vie de prière sous le signe de l’amitié. Même si je ne ressens pas grand-chose dans ma prière, je suis heureux d’offrir du temps au Christ, de rester avec Lui, comme on aime demeurer en présence d’un grand ami. L’ami, c’est celui qui est là pour moi, qui reste fidèle dans les tempêtes, qui est toujours présent pour m’encourager et me donner un coup de main. Le Christ nous révèle être pour nous ce grand Ami et nous propose de l’être pour Lui. Ça me parle, et c’est ce que j’essaye bien pauvrement de vivre !

Votre aspiration la plus grande : aider les chrétiens à devenir d’authentiques disciples de Jésus. Comment sortir de la tentation d’un catholicisme de façade ?

C’est vrai que c’est mon plus grand désir, c’est le désir profond de chaque prêtre : amener à Jésus. Le prêtre est serviteur d’une rencontre qui le dépasse, entre le Christ et celles et ceux qu’il a pu amener au Christ, par sa prédication, son accompagnement, sa prière. Le prêtre est d’abord l’homme des sacrements, par lesquels Dieu se donne. Le prêtre se donne pleinement dans son ministère, mais donne infiniment plus que lui-même : il donne Jésus !

Notre difficulté est qu’on demeure parfois en surface de tout cela. On peut être chrétien depuis tout petit, mais avoir perdu cette capacité d’émerveillement devant le don de Dieu. Notre cœur est habitué… On a tous besoin régulièrement de redécouvrir ce don de Dieu, de reprendre conscience de la force de son amour pour nous, de raviver en nous le désir de lui répondre. Comme dans un amour ou une amitié qu’on ne nourrit pas assez, on peut s’installer dans une forme d’habitude et laisser la relation décliner peu à peu. La fidélité à entretenir cette amitié avec le Christ chaque jour nous préserve de cela. On ne peut pas être ami à moitié ! Tout ce qui est vécu à moitié est décevant. La foi de façade va vite devenir pesante et sera délaissée. Au contraire, la foi vécue comme une grande amitié, une aventure qu’on choisit de vivre pleinement et dans laquelle on se donne vraiment… cette foi-là ne déçoit pas. Elle rend heureux. Elle nous porte et nous rend capable de bâtir, d’avancer, d’entreprendre à travers les joies et les épreuves de notre vie. Elle fait de notre vie une course, une ascension, un pèlerinage ! Elle sera même – sans toujours qu’on se rende compte – rayonnante et attrayante pour ceux qui nous entourent.

« Être prêt » est un livre très personnel. Après 17 ans de sacerdoce, comment définissez-vous la joie d’être prêtre ?

Ma joie d’être prêtre, c’est de pouvoir donner plus que moi à ceux qui me sont confiés. Je peux leur donner Jésus, son pardon, sa présence : « Miracle de nos mains vides ! » écrivait Bernanos. Malgré mes pauvretés, et au-delà de mes qualités personnelles, je peux surtout donner à travers les sacrements la grâce de Dieu elle-même, cet amour agissant qui sauve et rend saint !

Je suis toujours très touché quand je vois grandir dans la foi ceux à qui je suis envoyé. C’est toujours fort pour un prêtre d’être ainsi le témoin des heures joyeuses et douloureuses de la vie de ceux qu’il accompagne. Il encourage, console, relève, donne confiance… et reste lui-même, souvent impressionné par la foi humble et courageuse de beaucoup. C’est dans le regard de foi de ses paroissiens que le prêtre comprend ce qu’il est devenu par son ordination. Vous aiderez toujours vos prêtres, vous les encouragerez et ferez leur joie en venant leur demander Jésus ! Bénir, absoudre, consacrer : voilà pourquoi nous sommes prêtres. Voilà ce que nous avons à donner. Voilà notre joie !

Un mot d’encouragement pour vos anciens lecteurs de Padreblog ?

Padreblog fut pour moi une belle aventure, que j’ai été heureux de lancer avec quelques confrères. Je suis surtout heureux de voir que l’aventure continue, avec une nouvelle équipe formidable en qui j’ai pleinement confiance. Merci beaucoup aux lecteurs de Padreblog pour leurs encouragements, leurs prières, leurs retours souvent positifs, leur désir de se former, de comprendre, de témoigner. Continuez ! Priez pour vos prêtres, s’il vous plaît. Le bien qu’ils font ne se fait pas sans combat. Ne l’oubliez jamais. Que le Seigneur nous garde dans la joie de vous servir ! Qu’Il suscite aussi de nouvelles vocations, pour que sa Parole soit annoncée. Il y a tant à faire, tant à rebâtir, tant à sauver. La mission est rude mais si belle !

Et merci à vous, chers frères prêtres de l’équipe du Padreblog, d’avoir pris la suite : vous ferez bien, vous faites déjà encore mieux, au service de tous ceux que vous rejoignez par vos articles, podcasts, vidéos… Que Dieu vous bénisse dans cette mission !

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