Microphone

Théorie du genre à l’école : entre joie et scandale

Abbé Pierre-Hervé Grosjean
15 février 2014

La polémique ne faiblit pas. Chaque jour, des parents affolés découvrent les livres qu’on fait lire à leurs petits dès le primaire.  Des livres orientés, au service d’une idéologie qui met particulièrement à mal la neutralité de l’école publique. Cette fameuse « théorie du genre » qui ne serait qu’une rumeur n’aura pu se cacher bien longtemps. On en sait plus maintenant sur l’objectif de ses promoteurs : déconstruire non pas les clichés, mais bien plus les identités elles-mêmes. En refusant qu’on soit d’abord déterminé par son identité sexuelle – homme ou femme – on refuse la spécificité de chaque identité, et donc leur complémentarité. Le lien est ensuite évident : si la complémentarité homme/femme est niée, alors on peut déconstruire le couple et la famille puisque l’altérité est devenue accessoire. Et si ce n’est plus un apport structurant pour l’enfant, on peut alors l’en priver sans problème …

Assez !

Il y a un vrai scandale à découvrir que cette idéologie destructrice s’infiltre auprès des enfants, donc des plus fragiles. « Malheur à celui qui scandalisera un de ces petits » avertissait Jésus (Mt 18,6). A lire les ouvrages qu’on leur donne, à voir les images qu’on leur présente sous couvert de formation à l’égalité ou d’éducation affective, à entendre les intervenants auxquels on les confie, à regarder les films qu’on leur projette, on ne peut s’empêcher de ressentir à notre tour cette « sainte colère » que le Christ a éprouvé : ASSEZ ! N’abîmez pas la conscience claire de nos enfants ! Ne touchez pas à ces petits ! Gardez vos théories fumeuses pour vous. Débattons-en si vous le voulez entre adultes. Mais de grâce, ne mettez pas les enfants là dedans. Ne vous servez pas d’eux comme objets d’expérience pour vos théories. N’abimez pas la confiance naturelle donnée aux professeurs.

La vocation des parents

En même temps, la naissance d’une fronde spontanée des parents pour dire « stop » à cette intrusion de l’Education Nationale dans un domaine qui leur est réservé est source d’une vraie joie. Voilà une réaction saine, presque de survie, de parents – cathos, musulmans ou athées – qui veulent rester les premiers éducateurs de leurs enfants. Ils affirment ainsi courageusement qu’ils tiennent à leur mission et qu’ils sont vigilants sur ce qu’on transmet à leurs enfants. On a trop souvent parlé de la démission des pères ou des mères… Or, l’actualité récente a de quoi nous réjouir. De nombreux parents ont pris rendez-vous avec les institutrices ou instituteurs pour évoquer avec eux ce qui était dit et lu en classe. Ils ont été nombreux également à réagir à l’occasion de la projection de tel film, forçant ainsi tous les autres à réfléchir sur la diffusion de ce qu’on a envie d’appeler l’idéologie du genre…

Il ne s’agit pas de jeter un soupçon a priori sur les professeurs mais de rappeler à ces derniers qu’ils ne sont pas là pour remplacer les parents.  Contrairement à ce que disait leur ministre M. Peillon, il ne s’agit pas de « déraciner chez l’enfant tous les déterminismes sociaux ou religieux » mais de respecter les convictions dans lesquelles ses parents l’élèvent. La vocation de l’école publique, c’est d’abord et surtout d’instruire les enfants, leur apprendre à lire et à compter, leur transmettre un savoir. Sur ce point précis il y a déjà du boulot… La vocation des parents, c’est d’éduquer leurs enfants, selon les convictions qui sont les leurs, dans la recherche de la Vérité et du Bien. Que chacun respecte la vocation de l’autre ! Que chacun serve l’enfant selon son rôle, à sa place.

La rumeur était vraie

Ne soyons pas ébranlés par la réaction de nos dirigeants.

Furieux de cette résistance (inattendue) à l’idéologie du genre, découvrant avec stupeur que celle-ci, à la mode dans certains milieux parisiens, n’est pas admise partout en France, nos gouvernants ont tout tenté : nier le problème, en parlant de « rumeur », comme on tente d’effacer ses traces. Puis, face à l’extension de ce qu’il faut bien appeler une révolte, on a eu droit aux tentatives d’intimidation, au dénigrement des parents et à la caricature. Pendant ce temps, les mêmes gouvernants se dépêchaient pourtant d’effacer certaines références trop explicites sur les sites internet officiels (ici ou ici). Bien sûr, le problème ne date pas d’hier, ni même du gouvernement actuellement en place. Le ministre précédent, M. CHATEL, a fait entrer le loup dans la bergerie. Par ignorance, imprudence ou malveillance. Réjouissons-nous au moins que ce loup ait-été démasqué publiquement !

Une vraie raison d’espérer

Chers parents, restez vigilants. Mais surtout, soyez pleins d’espérance ! Quelque chose a changé, une prise de conscience a eu lieu : ces idéologues rencontrent désormais des obstacles, un bon sens qui s’affirme, une résistance humble, paisible mais ferme. Et nous le savons : l’avenir appartient bien naturellement… aux enfants, aux familles, à ceux qui demain seront encore solides, prêts à offrir à tous ces repères qu’ils auront protégés et conservés courageusement.

[Le dessin de couverture est de Luc TESSON]

Abbé Pierre-Hervé Grosjean

Abbé Pierre-Hervé Grosjean

Diocèse de Versailles, ordonné prêtre en 2004. Curé de Montigny-Voisins. Responsable des questions politiques, de bioéthique et d'éthique économique pour le diocèse de Versailles. Auteur de "Aimer en vérité" (Artège, 2014), "Catholiques, engageons-nous !" (Artège 2016), "Donner sa vie" (Artège 2018), "Etre prêt" (Artège, 2021).

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