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Il y aura un matin de Pâques

Abbé Pierre-Hervé Grosjean
19 avril 2014

Pour nous aussi, il y aura un matin de Pâques…

En quelques jours d’une densité spirituelle impressionnante, l’Eglise nous fait revivre la Passion du Christ et méditer notre propre vie à la lumière de ces évènements. Nous ne faisons pas simplement mémoire d’une histoire passée. En effet, se ré-actualise pour nous ce que Jésus a vécu il y a 2000 ans. Cette histoire est notre histoire. Voilà pourquoi les liturgies de la Semaine Sainte sont si prenantes. Voilà aussi pourquoi l’histoire du monde – notre histoire – a été bouleversée par la mort et la résurrection du Christ.

Ainsi est-ce bien pour nous, pour chacun de ceux qui liront cet article, que le Christ institue l’Eucharistie au soir du Jeudi Saint. C’est en pensant à nous qu’Il nous offre ce mystère de sa Présence réelle. Pour être avec nous « jusqu’à la fin des temps ». C’est encore pour nous qu’il « invente » les prêtres, et ordonne les premiers, en la personne des apôtres. Pour que tout au long de notre vie, nous puissions recevoir son pardon, sa grâce, sa présence à travers les sacrements et ainsi « croire sans l’avoir vu ».

C’est en ayant en tête, et dans son cœur, chacun de nos visages, le prénom de chacun d’entre nous, que Jésus entame son chemin de croix, en cette matinée du vendredi saint. C’est le poids de nos péchés qui le fait tomber. C’est l’amour pour nous qui le fait se relever.  C’est pour nous qu’il donne sa vie et crie «j’ai soif !». Jusqu’à la fin des temps, Il aura soif que chacun comprenne à quel point il a été aimé.

C’est ce que le Pape François disait lors de l’audience du mercredi saint 2014 : « toute cette souffrance de Jésus est pour moi. S’il n’y avait eu que moi dans le monde, il l’aurait fait. Il l’a fait pour moi (…) Embrassons le crucifix et disons : pour moi, merci Jésus, pour moi ».

C’est enfin pour que la mort et le mal n’aient pas le dernier mot dans notre propre vie qu’après avoir donné sa vie, Il ressuscite le jour de Pâques. Nous continuerons certes à faire l’expérience de la souffrance, de l’épreuve, du péché et ultimement de la mort. Nous le savons. Le Christ ne nous ment pas là dessus : il y aura des vendredis saints dans notre vie aussi. Jésus a pleuré cette réalité, que Dieu n’avait pas voulue dans son projet initial. Jésus l’a affrontée, l’a vécue et la vaincue. L’Espérance chrétienne fondée sur Pâques éclaire ainsi cette réalité de façon toute nouvelle : au delà des larmes, nous savons, nous avons la certitude qu’avec le Christ, il y aura aussi pour nous un matin de Pâques ! Il pourra y avoir pour nos épreuves, comme pour la croix, une mystérieuse mais réelle fécondité. Il y aura un pardon possible pour chacun de nos péchés.

Voilà la leçon de Pâques : si nous le laissons vivre en nous, le Christ sera victorieux en nous. Il aura le dernier mot. Et ce mot sera pour nous pardonner, nous relever et nous appeler à la Vie. N’est-ce pas aussi ce que saint Jean-Paul II avait voulu nous faire comprendre en décidant que l’octave de Pâques nous amènerait désormais au Dimanche de la Miséricorde ? Chaque pardon est une résurrection qui nous prépare à la Vie. Belle fête de Pâques à chacun !

Abbé Pierre-Hervé Grosjean

Abbé Pierre-Hervé Grosjean

Diocèse de Versailles, ordonné prêtre en 2004. Curé de Montigny-Voisins. Responsable des questions politiques, de bioéthique et d'éthique économique pour le diocèse de Versailles. Auteur de "Aimer en vérité" (Artège, 2014), "Catholiques, engageons-nous !" (Artège 2016), "Donner sa vie" (Artège 2018), "Etre prêt" (Artège, 2021).

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