Qui perd… gagne !
Pour beaucoup, les moines… c’est la bière, les pâtes de fruits ou le camembert. C’est aussi vrai (et tant mieux !) mais c’est un peu court. Car le moine est avant tout celui qui accepte de tout perdre pour tout gagner. « Qui perd… gagne » : n’est-ce pas en une formule le résumé du message de Pâques, mais aussi celui de toute vie consacrée ? C’est parce qu’il a accepté de donner sa vie, de la perdre pour nous, que Jésus triomphe du mal et du péché. Au matin de Pâques, son retour glorieux à la vie consacre cette offrande. Depuis ce jour, des jeunes acceptent eux-aussi de tout quitter pour celui qui a tout donné sur la croix. Evoquons leur don, dans la lumière de la Résurrection et en cette année 2015 de la vie consacrée voulue par le Pape François.
Moine, moniale, religieux, religieuse, prêtre… ils acceptent avant tout de perdre, de renoncer à ce que le monde leur promet pour gagner le Christ. Car consacrer sa vie à Dieu, c’est d’abord contester secrètement la logique d’un monde qui nous enseigne que pour gagner plus, il faut amasser plus.
Une vocation qui intrigue
Cela ne veut pas dire que les moines et les moniales sont contre le monde. Mais, sans orgueil et sans mépris, certainement différents du monde. Ils osent abandonner certaines idées, modifier des projets humains légitimes et honnêtes, entrer dans la prière et le don, suivre la voie étroite d’une vérité qui dérange afin de proposer des options nouvelles. Cette vocation intrigue, étonne et interroge. Comment expliquer autrement le succès du film « Des hommes et des dieux » sur le sacrifice des moines de Tibhirine ? Savez-vous aussi que chaque année, lors du festival de Cannes, un séjour à l’abbaye de Lérins est proposé aux festivaliers et qu’ils sont nombreux à y participer ?
Les monastères sont comme des doigts dressés vers le Ciel : ils nous rappellent que notre vie a une dimension verticale et une soif d’absolu. Le film « Veilleurs dans la nuit », en rend compte de façon saisissante. « A quoi sert un moine ? » demande-t-on au Père prieur du monastère ? « A rien, dit-il en souriant. Il ne sert à rien. Il sert quelqu’un ! ».
Être avec Lui
Les moines et les moniales veulent seulement suivre Jésus : là est leur décision essentielle. Être avec lui, près de lui, l’aimer tellement pour se décider à vivre son évangile jusqu’au bout. En apparence, ils ont tout perdu alors qu’en fait, ils ont tout gagné : la Vie, la Paix, l’Amour. Vos prêtres reçoivent comme une bénédiction de partager avec des femmes, les religieuses, cette soif de sauver les âmes. Dans le silence du carmel ou du cloître, elles offrent leur vie pour la fécondité de notre ministère sacerdotal. Avant d’entrer au carmel de Lisieux, sainte Thérèse déclarait : « Je prierai pour les prêtres ». Nous savons que nous devons beaucoup à toutes ces religieuses qui sont nos sœurs dans l’apostolat et les paratonnerres de ce monde. Nous ne découvrirons vraiment qu’au Ciel tout ce que nous leur devons !
« Celui qui se donne au Christ reçoit le centuple » disait un jour le Pape émérite Benoît XVI. Oui, ce monde a besoin d’hommes et de femmes qui perdent leur vie pour nous gagner la Vie !
[Photo : messe au bord du Lac de Tibériade].