Lourdes, le film, le choc
Après Paris, c’est la ville qui compte le plus d’hôtels en France. Lourdes est une destination à part, un lieu atypique où le touriste peut très vite se transformer en pèlerin. Atypique, c’est aussi ce qui caractérise le film « Lourdes » qui sort ce 8 mai 2019. Produit par deux réalisateurs incroyants, il réalise un tour de force assez incroyable : filmer l’invisible. Nous l’avons vu.
Pourtant, la difficulté était de taille. Elle guette souvent les professionnels de la communication lorsqu’ils doivent rendre compte d’un événement qui suscite la ferveur et le recueillement : comment raconter en effet ce qui se ressent au plus profond des cœurs et s’exprime si pauvrement ?
Un héros : le malade
Pour y parvenir, sur une idée de Sixtine Léon-Dufour, Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont fait un choix particulièrement heureux : mettre les malades en lumière. A Lourdes, avec la Sainte Vierge bien sûr, ne sont-ils pas les héros du lieu ? Minute après minute, difficile de ne pas être touché par le spectacle de ces humanités si abîmées, qui viennent déposer leurs peines et leurs espérances à la grotte.
Les gestes bien connus de ceux qui se rendent là-bas, toucher le rocher, allumer un cierge, boire à la fontaine, se baigner dans les piscines… sont singulièrement renouvelés par des images bouleversantes, révélées par une caméra qui n’est jamais intrusive, toujours respectueuse, souvent audacieuse.
La grâce d’un lieu
Autant le dire : le film est bouleversant. Il touchera tout autant ceux qui connaissent le lieu par cœur (et c’est notre cas) que ceux qui sont étrangers à la foi chrétienne ou peu enclins au « tourisme sacré ». La diversité des pèlerins met en valeur l’identité particulière de cette sous-préfecture de province sur laquelle un regard superficiel ne noterait que les magasins de souvenirs, les hôtels et les bars qui s’y trouvent. Le film ne s’y attarde pas, conscient que le mystère n’est pas là.
« L’essentiel est invisible pour les yeux » dit Saint-Exupéry. « Faux ! », nous dit ce film, grâce à une descente vertigineuse au cœur de l’humanité blessée, dans un lieu où souffle l’Esprit.
Le message ? Lourdes est un refuge. Un refuge pour tous ceux qui, malades ou valides, acceptent une seule chose : se mettre à nu, au sens propre (dans les piscines où l’on se plonge dévêtu) mais aussi au sens figuré en acceptant de tomber les masques.