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Vivons-nous la fin du monde ?

Padreblog
30 mars 2020

Le thème de la fin du monde semble d’actualité, à en juger les nombreux messages et questions qui circulent sur Internet en cette période de pandémie mondiale. Or, la Foi chrétienne possède déjà quelques réponses, qui ne sont pas négligeables. Padreblog a donc interrogé le père Jean-Marc Bot, du diocèse de Versailles, auteur de nombreux ouvrages sur l’au-delà et la Vie éternelle.

Padreblog : ça y est… c’est la fin ?

Père JMB : Bien sûr ! Car chaque jour qui passe nous rapproche inéluctablement de ce monde nouveau auquel nous accédons après la mort. Si nous l’avions oublié, cette épidémie vient cruellement nous le rappeler. Assurément, nous sommes « dans les derniers temps », comme nous le rappellent saint Paul (cf. Rm 13, 12) et saint Jean (cf. 1 Jn 2, 18). Mais la période finale n’est pas en vue tant que certains signes ne se sont pas manifestés. Non, ce n’est pas encore la fin du monde !

Mais alors, quand on parle de « fin du monde », de quoi s’agit-il ?

Sur la fin ultime, deux questions sont liées : « Comment ? » et « Quand ? ». Le Nouveau Testament y répond. La seule fin envisagée est bien la fin du monde, ou fin des temps, après laquelle il ne restera plus que l’univers recréé, éternisé en Dieu. Rien ne permet de séparer la venue finale du Christ et le passage du temps à l’éternité, puisqu’il « reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin » Quant à la date, la réponse est claire : « Nul n’en connaît le jour ni l’heure, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne d’autre que le Père » (Mt 24, 36). Dès lors, il nous faut refuser à priori tous les calculs de dates, toutes les prédictions chiffrées. Evitons deux écueils de l’anticipation : l’échéance trop courte mais aussi l’échéance trop lointaine. Réglons nos jumelles apocalyptiques ! Rien ne sert d’attendre le Christ du jour au lendemain, comme le faisaient des chrétiens de Thessalonique. Rien ne sert non plus de patienter, sans vigilance, comme s’il ne devait venir que dans 200 ans. Comme le suggère saint Éphrem, la meilleure attitude consiste à veiller, avec amour, dans l’horizon d’une existence humaine.

Si on ne sait ni le jour ni l’heure, rien ne nous empêche tout de même de nous intéresser aux signes ?

Bien sûr et Jésus lui-même nous demande de savoir les reconnaître, comme un paysan qui fait de la météo intuitive (Mt 24, 32‑33). Pourtant, quand on lui réclame des signes aussi spectaculaires que ceux de la première Alliance, Jésus refuse. Il s’avance en « signe de contradiction », sans s’imposer mais en se proposant comme mystère à accueillir par une liberté en voie de conversion. Il concède seulement le « signe de Jonas », qui est double. Comme Jonas englouti par un grand poisson puis recraché sur une plage, Jésus, submergé par le pouvoir du mal, est sorti vainqueur de l’abîme. A ce mystère pascal, peuvent se rattacher tous les signes négatifs : guerres, tremblements de terre, épidémies, sectes, persécutions, apostasie, etc. Ce sont les plus visibles, parce que l’œuvre du mal est plus tapageuse que celle du bien. Ils doivent être lus comme les douleurs d’accouchement d’un monde nouveau. Le second sens retient la conversion de Ninive. De même que la parole prophétique a déclenché une vague de conversion, de même l’effusion de l’Esprit-Saint a fait naître un peuple nouveau à partir de la Pentecôte. A ce mystère glorieux peuvent se rattacher tous les signes positifs : œuvres des saints, apparitions et miracles reconnus, actions de justice et de charité, conversions, mouvement œcuménique, liberté religieuse, progrès du savoir, etc.

Et selon vous, quels seraient les signes de la fin du monde ?

La plupart des signes sont communs à toutes les générations. Sont réservés à la période finale : la reconnaissance du Messie par « tout Israël » (cf. le Catéchisme de l’Eglise catholique au n°674), le témoignage mondialisé en faveur de l’Évangile (Mt 24, 14), la venue d’un empire antichristique mondial (Mt 24, 15­-25 ou Ap 13) et l’ébranlement cosmique comparable au déluge (Mt 24, 29). Un double progrès anime d’ailleurs l’évolution historique (Mt 13, 24­-30) : plus le Royaume de Dieu sème la sainteté dans le cœur des hommes, plus l’ennemi tente de le faire échouer. Ce qui distingue la période finale c’est la mondialisation et la montée aux extrêmes : le meilleur avec le pire. La Révélation nous donne le droit d’espérer et de préparer une Pentecôte mondialisée par unification du pôle christique, permettant la dernière vague d’évangélisation. Mais ne rêvons pas : ce feu, renouvelant la face de la terre, déclenchera un terrible contrefeu, celui de l’unification du pôle antichristique. Alors viendra la lutte finale ! Mais rien à voir avec le chant d’inspiration communiste…

Bonjour la déprime… !

Il y a en effet de quoi être bouleversés par les menaces apocalyptiques. Jésus nous dit même que des gens « mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde » (Lc 21, 26). Une bonne manière de vaincre l’angoisse diffuse est de prier devant son smartphone, sa télévision, sa radio, son journal, pour le salut éternel des personnes. Il nous faut également corriger la vision des médias qui sous-estiment la face lumineuse de l’actualité. Sachons apprécier les signes des temps positifs que nous signalent davantage les réseaux animés par les chrétiens. Enfin, en méditant la Parole divine, spécialement les écrits prophétiques, apprenons à dépasser notre sensibilité trop humaine pour adopter le regard de Dieu sur l’histoire. Et si nous passions du statut de spectateur-victime à celui d’acteur-prophète ?

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Pour aller plus loin :

– « L’esprit des derniers temps » du père Jean-Marc Bot (Editions de l’Emmanuel, 2004, 242 pages, 4 €). En vente ici.

– Un « Live du Padreblog » avec l’abbé Gaultier de Chaillé qui traite de cette question.

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