Scandales dans l’Église : comment rester zen ?
« Je crois en l’Église, une, sainte… ». Peut-on encore dire cela chaque dimanche à la messe alors que, semaine après semaine, les médias nous dévoilent de nouveaux scandales dans l’Église ? Comment ne pas être ébranlés ? Comment « y croire » encore et toujours ?
Il semblerait qu’être catholique aujourd’hui consiste surtout à raser les murs et courber la tête… Pas très exaltant !
Une funeste trilogie
Rien de nouveau sous le soleil pourtant. Depuis la nuit des temps, la trilogie du péché sera toujours la même : argent, sexe et pouvoir. Et tant qu’on choisira les prêtres et les évêques parmi les hommes et non parmi les anges, on doit hélas se faire du souci.
L’argent ? C’est le dernier scandale en date : à la demande du pape François, le cardinal Angelo Becciù, l’une des plus importantes figures de la Curie romaine, a remis sa charge. Que s’est-il donc passé ? Le prélat, qui clame son innocence et entend se défendre, serait impliqué dans un scandale financier lié à des détournements de fonds en faveur de membres de sa famille.
Le pouvoir ? C’est encore le cardinal Becciù qui aurait utilisé sa fonction pour en tirer un profit personnel. Il n’est plus question de « servir » mais de « se servir ». C’est bien ce qui a mis le pape dans une telle colère.
Le sexe ? C’est la révélation, ad nauseam, des scandales pédophiles et autres, dont la liste paraît interminable.
« L’Église est sainte » : vraiment ?
Quand on a la foi, on ne peut qu’être fatigué, et même ébranlé, par ces scandales à répétition. Ils blessent le visage de l’Église, ils fragilisent aussi notre propre confiance en elle. Quand on voit que la corruption sévit jusqu’au Vatican, on peut vraiment se demander si l’Église est encore sainte !
Il y a dans cette question un enjeu spirituel décisif pour notre foi et notre rapport à l’Église. Il est important de rappeler que la sainteté de l’Église, c’est avant tout la sainteté de Dieu qui demeure en elle. En ce sens, même composée de pécheurs, l’Église est indéfectiblement sainte.
Dire que l’Église est aussi marquée par le péché, c’est reconnaître que les membres qui la composent ne sont pas d’une autre humanité que celle qui a besoin d’être sauvée par le Christ. Si on rêve d’une Église parfaite, on risque d’attendre longtemps car personne, sauf la sainte Vierge, n’y aura sa place.
En même temps, il est bien légitime que de tels contre-témoignages suscitent émoi et indignation. C’est bien le signe que le monde attend autre chose de l’Église. Et c’est encore plus vrai pour les prêtres et les évêques.
Une mission
« Quand vous voyez tout ce qui se passe dans l’Église et dans le monde, que faudrait-il changer ? » demandait-on un jour à Mère Teresa. « Vous et moi » répondit-elle. La sainteté de l’Église est un don de Dieu mais aussi une tâche à mener. Pour parler du Royaume des Cieux, Jésus prend l’image de la petite graine de moutarde (Mt 13,31) : cela veut dire que les dons de Dieu nous sont toujours donnés en germe. Ils doivent ensuite se déployer dans le temps.
Et pour cela, Dieu compte sur chacun de nous. C’est peut-être ça le plus incroyable : Dieu veut que des pauvres types comme nous rendent l’Église toujours plus sainte et plus belle. Sacré pari !
L’Église n’est pas achevée, elle est en croissance. Elle doit toujours plus devenir l’épouse immaculée du Christ. Faire grandir la sainteté de l’Église implique donc de démasquer le péché qui se tapit dans l’ombre. C’est douloureux mais salutaire, et cela a un nom : la conversion. Et nous sommes tous concernés !
C’est en ce sens qu’il faut accueillir la courageuse réforme de la Curie entreprise par François. À tous les niveaux, l’Église a besoin de conversion pour continuer de grandir. C’est une urgence au Vatican. C’est aussi une urgence pour chacun de nous. Mère Teresa (qui était sainte, elle !) a décidément bien raison.